Les assises concernant la transition numérique dans la profession des experts-comptables achèvent un premier chapitre lié à la sollicitation de l’aide de Fonds Social Européen.
Chacune et chacun a pu s’apercevoir au quotidien que les technologies numériques ont provoqué et provoquent encore et pour un moment des changements, voire des transformations importantes dans la gestion de l’information. Leurs applications ont quelque peu amorcé un changement dans la façon de consommer, de commercer, de concevoir et de produire. C’est dans ce cadre que nous avons vu des activités se transformer et d’autres se créer.
Les transformations liées au numérique sont rapides. Leurs rythmes sont difficilement appréciables dans un court et moyen terme. Et de ce point de vue, leurs conséquences ne sont appréhendables qu’au jour le jour sur un trend de « long terme ».
L’approche de la Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences semble aujourd’hui dépassée. Tant la gestion active de l’emploi que les transformations du contenu du travail ne peuvent être conduites que dans « l’immédiateté ».
Les impacts du numérique sont divers et jamais homogènes. Ils conjuguent suppressions de postes et de métiers, transformations de ces derniers et émergence d’autres métiers. Dans le même temps, on assiste à une modification du travail, des organisations du travail et de leur espace. Les transformations numériques peuvent aussi constituer un réel choc. La fracture numérique est réelle. Elle touche aussi bien les jeunes générations que les séniors. Il faut donc dans chaque profession et à partir du vécu de chacune et chacun en la matière sensibiliser sur les enjeux afin de vaincre les peurs qui tournent autour de ces technologies. C’est notamment ce que nous avons travaillé sur ce projet.
Mais, même si nous lions performance collective et performance sociale dans notre façon d’appréhender la question de la « transition numérique », nous ne sommes pas de ceux qui considèrent comme horizon indépassable une société algorithmique.
La transformation numérique ne peut être un passage obligé. Comme l’affirme Secafi [les 7 convictions du centre d’expertise digital de Secafi], il faut s’opposer « à la pensée magique du solutionnisme numérique ». Intégré dans un projet stratégique d’une entreprise, il peut même être source de souffrance.
Il faudra peut être aller plus loin dans notre réflexion en interrogeant le concept même du progrès. De ce point de vue, un retour à Walter Benjamin serait plus que salutaire. Casser le déterminisme technologique, revenir sur l’idéologie dite progressiste pourrait nous ouvrir d’autres horizons. Il nous faut être vigilants à ce que le numérique comme source du progrès technique ne soit ni une « extase de gobe-marche » [Baudelaire], ni le sous-bassement de la constitution de ses propres ruines : « cette tempête est ce que nous appelons le progrès » [W. Benjamin].
Noël LECHAT