La branche de l’expertise-comptable est traversée par différents changements face auxquels tous les acteurs ne sont pas exposés de la même manière. Mais pour les Très Petites Entreprises (TPE), qui concentrent 31% de l’emploi, ces changements se combinent entre eux et ont de fortes répercussions :
- Des évolutions réglementaires : avec Le Règlement général sur la protection des données et la Directive sur les services de paiements (DSP2), la DSN, la simplification administrative, le relèvement des seuils du CAC ou encore les discussions actuelles à Bruxelles sur le monopole des Experts comptables et des commissaires aux comptes ;
- Les évolutions technologiques, avec le numérique, qui transforment certains champs : arrivée des plateformes, c’est-à-dire d’outils qui modifient le modèle économique pour nombre de petits cabinets exposés à cette concurrence, développement des besoins en compétences de gestion de données, développement d’outils SI permettant une automatisation des traitements et une gestion des flux de données facilitées.
Une partie des activités jusque lors externalisées pourraient être de nouveau réinternalisées par les entreprises. Concrètement, les activités à faible valeur ajoutée sont ainsi soit externalisées à l’étranger ou transférées au client, via les nouveaux outils. - Des évolutions concurrentielles liées aux attentes des clients, de plus en plus demandeurs de services et de prestations juridiques, de conseil en plus des activités comptables strictes, dans le cadre, parallèlement, d’un mouvement de concentration dans le secteur, même si globalement, à date, celui-ci reste limité.
L’ensemble de la profession semble donc s’accorder sur le fait que la survie du secteur de l’expertise passe inévitablement par une évolution du cœur de métier.
Un examen rapide du secteur montre des évolutions différenciées selon les différentes activités du secteur.
Les premières observations ont montré des cas de figure très différents selon la taille de l’entreprise et les activités : la volumétrie des emplois autour des activités de paie et de saisie sont particulièrement exposés et ont déjà commencé à reculer, à la faveur pour le moment de l’offshorisation des activités.
Face à ces évolutions, un autre enjeu est important et se combine avec ce qui précède : la durée des études pour obtenir un Diplôme d’expert-comptable est de 8 années.
Ainsi, les éventuelles réformes du cursus de l’expertise-comptable, permettant de passer rapidement de la « profession du chiffre » à celle du « conseil en d’expertise sociale, économique, et numérique » capables de produire et d’analyser des informations non financières, ne portera ses fruits que dans une dizaine d’années.
En conséquence, l’enjeu, de ce point de vue, pour les cabinets d’expertise-comptable, à brève échéance, est de recruter des consultants professionnels, ce qui implique de leur garantir des conditions de travail et de rémunérations attractives comparés à ce que proposent les cabinets spécialisés dans le conseil aux entreprises.
Les transformations que rencontrent le secteur de l’expertise-comptable auront des répercussions sur l’emploi ou du moins sa répartition, et sur les métiers à relativement brève échéance. Les progrès annoncés à travers les innovations développées sur l’Intelligence Artificielle accélèrent encore ces processus. Il devient urgent de mettre en oeuvre les dispositifs et les mesures qui vont permettre aux salarié.e.s d’évoluer dans ce contexte.