La deuxième journée de congrès s’ouvre comme la première sous un franc soleil. Malheureusement nous aurons peu l’occasion d’en profiter. Après un café rapide au bar confédéral, nous regagnons l’immense salle de plénière où près de 1000 délégués prennent place autour de nous. Il y a quelque chose d’impressionnant à se retrouver au milieu de cette foule. Mais aussi de réconfortant à savoir que ces hommes et ces femmes e tous milieux, de tous âges et de toutes origines venues de toute la France et de de tous les corps de métiers, se revendiquent d’une seule et même classe sociale et se réjouissent d’être tous camarades.
La matinée est consacrée aux débats d’activité. Le discours introductif nous rappelle l’importance de l’exercice : dans la lutte qui est la nôtre, la CGT a le devoir de s’interroger sur sa démarche et de dresser un bilan objectif des trois dernières années. C’est ce que s’efforcent de faire les 28 camarades qui interviennent ensuite.
La plupart reviennent sur les attaques, nombreuses et féroces dont notre camp social a été victime. Certains nous livrent des témoignages concrets sur les conséquences de ces attaques sur nos conditions de travail. D’autres font le récit de mobilisation récentes, parfois encore en cours, certaines victorieuses, dans leur branche ou bassin d’emploi.
Beaucoup regrettent qu’au niveau national, l’absence de convergences et le foisonnement de journées d’actions ponctuelles, préférées à une grève reconductible, n’ont pas permis de faire de faire reculer les libéraux sur la loi travail ou la casse du service public. Toutefois ces critiques de la méthode se font toujours de manière constructive, pour mieux préparer la suite, et nous avons tous en tête la lutte à mener sur les retraites qui se profile à l’horizon.
La pause de midi est l’occasion de se retrouver et de discuter dans un cadre plus informel et convivial. Plusieurs assurances privées parmi les exposants du congrès rivalisent d’ingéniosité pour attirer et retenir les délègues à leurs stands : c’est à qui propose le meilleur apéro. Heureusement sur d’autres stands on trouve de la documentation utile, et on apprend auprès d’autres militants.
L’après midi reprend sur le rapport financier et les interventions de la commission de finances et du comité de gestion COGETISE. Les débats sont d’un coup plus technique, mais nous nous concentrons car comme le rappelle le discours introductif, la politique financière c’est ce qui nous donne les moyens d’agir, de faire vivre les orientations.
Après un court film réalisé par l’institut d’Histoire Sociale (IHS) nous passons à la première partie des débats d’orientation. Une version amendée du préambule et du thème n°1 du texte d’orientation nous est présenté. L’avance que nous avons sur l’horaire prévu permet à de nombreux camarades d’intervenir. Le bien être des travailleurs dans un monde où prime la logique de rentabilité, où la technologie est utilisée pour créer de nouvelles formes d’oppression quand elle pourrait permettre de travailler moins et mieux, est l’un des thèmes les plus abordés. De nombreux intervenants viennent donner tort à tous ceux qui taxaient la CGT d’organisation dépassée, voire qui nous mettaient dans le même panier que l’extrême droite face aux progressistes auto-proclamés. Dans une alternance femme-homme strictement respectée, les interventions portent aussi bien sur la lutte contre le système capitaliste que sur le combat écologique, la Paix ou une utilisation saine des outils numériques, donnent l’image d’une CGT moderne à l’avant-garde de la transformation sociale. Particulièrement remarquée, l’intervention de notre camarade de la SCOPTI, l’entreprise reprise par ses salariés en coopérative lors de la fermeture par Unilever, nous aura rappelé que les travailleurs n’ont pas besoin des actionnaires pour produire et aura fait se lever l’ensemble des congressistes dans une ovation sincère et spontanée.
Les débats s’arrêtent en fin d’après-midi et reprendront le lendemain.
Après une balade dans le centre de Dijon pour les uns et un passage à l’hôtel pour les autres, nous nous rendons au théâtre de la ville pour profiter de l’excellente programmation culturelle proposée en marge du congrès. Ce soir les danseurs Amata Pianor, Kastia Chaix et Ladji Komé nous font voyager et nous offrent une représentation onirique dans laquelle se mêlent de nombreuses influences.
Après une journée de débats, ces 45 minutes d’expression non verbale sont assez rafraîchissantes.
Une dernière appréciation de la gastronomie bourguignonne, et nous regagnons nos chambres.
Paul,
Délégué au 52e Congrès confédéral