Comment saboter une grande ESN française
La CGT ne parlera pas – ou si peu – des stratégies fameuses et fumeuses d’Atos : à la poubelle les conseils de Mc Kinsey, EY et consorts, aux ordures les plans continuels de transformations, à la déchetterie les benchmarking soi-disant éclairants.
La haute direction avec sa totale incompétence, ses directives erronées et ses résultats honteux nous a menés dans le mur, car aujourd’hui nous y sommes !
La CGT veut mettre en exergue ce qui se passe dans l’entreprise pour ces employés à qui on a demandé des efforts et une amélioration continue, sans cesse depuis 20 ans. A qui on a fait subir une technocratie interne grandissante, des reportings inutiles en veux-tu en voilà, des stagnations mortifères de salaires, des pressions de plus en plus fortes avec de moins en moins de moyens.
On a exigé des responsables de production des résultats irréalisables, de gagner le moindre euro de marge, encore et toujours. Avec des trouvailles toujours plus farfelues pour motiver les troupes, type « GPTW », « Pizza Party », « We are Atos » et autres propagandes : le ridicule devient tragique au regard de la situation de l’entreprise !
Tout ça pour ça, un groupe ruiné, démantelé, détruit ? « Qui vivra par la finance périra par la finance ! ».
Tel est le sort d’Atos qui fut à un moment une belle société technique dans les premières mondiales…
La CGT a alerté en continu sur les dangers sur l’emploi et les droits sociaux, demandé une alerte économique, lancé des procédures juridiques, bataillé sans cesse pour vous défendre. Avec vous nous nous battrons pour qu’il n’y ait pas de casse sociale malgré les choix débiles qui s’enchainent depuis plusieurs années au sein d’Atos.
L’horizon est une ligne qui recule au fur et à mesure qu’on avance
Cela a fait couler beaucoup d’encre en interne et dans la presse. La date de scission juridique d’Atos en 2 groupes a été reportée de juillet à novembre 2023 puis annulée pour une cession de Tech Foundations au fonds EPEI. Les raisons ? Les plans calamiteux de la direction empirent les problèmes qu’ils sont censés résoudre !
Un historique récent s’impose :
- 2020, plan A, négociation loupée pour l’achat de DXC aux Etats-Unis.
- 2021, plan B, achat de 22 sociétés – mais non intégrées – afin de se positionner comme leader sur le cloud et la cyber.
- 2022, plan C, après les chiffres de 2021, décision de vendre des actifs, de scinder le groupe en 2 et d’introduire Eviden en bourse.
- 2023, plan D, abandon de la scission et annonce d’une négociation avec le fonds EPEI pour vendre la moitié du groupe à une holding qui ne connaît rien aux ESN !
On attend avec terreur le plan E qui ne tardera pas à venir. Si les plans Atos étaient une échelle de notation, on tendrait vers le zéro pointé !
Atos avait fugacement tenté en 2021 de gagner « les coeurs et les esprits » (encore Mc Kinsey en conseil !) avant que la CGT ne fasse remarquer que c’était un slogan historique colonialiste…
En stratégie, tant en finance qu’en psychologie, nos dirigeant sont brillants !
Atos et la chambre des secrets
Après le rocambolesque projet de scission mort-né dénommé « Boost » en interne, voici l’abracadabresque projet de cession Atos qu’on pourrait nommer « Break » !
La direction a annoncé le 2 août 2023, par (mauvaise) surprise, la vente de la moitié du groupe intitulé Tech Foundations à la holding EPEI. 55000 collègues quand même, qui se retrouvent de fait dans le doute sur leur avenir professionnel… Et par ricochet, tout le groupe, Eviden inclus !
Et puis – suivez bien – la marque Atos est vendue avec. Et donc la Société européenne Atos devient par baguette magique la Société européenne Eviden. Comme si le changement de nom effaçait les frasques d’une direction inapte. « Méfait accompli » comme dirait Harry Potter !
Le 4 août, devant les représentants du personnel, explications de texte d’un directeur d’Atos :
- La certitude du deal avec le rachat de Tech Foundations par EPEI est qualifiée d’« assez probable »
- A la question cruciale pour la CGT, « y aura-t-il un plan social ? » Réponse : « le projet Boost poursuit son plan de réduction annoncé. »
- Une cession de 400 M€ a été annoncée, qui s’ajoute donc aux 700 M€ de 2023, sans oublier la cession de Tech Foundations ! Et donc « quelles sont les entités Atos concernées ? » Réponse : « Aucune information à communiquer sur le sujet. Il y a actuellement une analyse de possibilités » dixit.
Vos représentants ont donc voté une expertise indépendante pour y voir plus clair dans les élucubrations dites « stratégiques » d’Atos. Pour les salariés non-initiés que nous sommes, il est urgent de démonter les rouages de ces décisions ineptes afin de mieux les contrer…
Déloyauté d’Atos : alertez les salariés !
Lorsqu’en juin 2022 Atos annonçait sa scission, la presse employait le mot de « démantèlement » du groupe. La direction réplique « performance plus élevée des 2 nouvelles entités Atos & Eviden ! ». A la parution des comptes en 2023, les résultats ne sont pas au rendez-vous et la défiance s’aggrave.
Pour la préservation des emplois que défend la CGT, la direction lors de l’information-consultation auprès du Comite Social et Economique Central sur la scission a précisé officiellement qu’il y aurait 700 M€ d’actifs non stratégiques vendus afin de garantir les emprunts bancaires mais sans impacts sur la France. Elle a lourdement insisté sur le fait que les missions des salariés en France ne changeraient pas et qu’il n’y aurait pas de modification des conditions de travail. 800 départs « non contraints » sont tout de même prévus dans les 3 ans, sur les activités infogérance, où une partie importante de la population est éligible à la retraite.
Tout cela est écrit et fait partie du processus juridique obligatoire qui s’impose en sincérité, exhaustivité et loyauté des informations envers les représentants du personnel.
Or voilà que des actes de direction s’accumulent vers une menace directe sur l’emploi :
- En avril 2023, la vente des activités Unify à Mitel concerne une vingtaine de salariés en France qui sont donc éjectés du Groupe. Pas d’impact, vraiment ?
- En mai 2023, les représentants du personnel constatent que la direction refuse de fournir les informations sur les valeurs de cession des activités des sociétés juridiques françaises transférées dans le cadre de la scission et étudie une action en justice. Sincérité, vraiment ?
- En juillet 2023, annonce de la vente d’Ecoact, actif pourtant déclaré stratégique, 200 salariés en France. Exhaustivité des cessions, vraiment ?
- Le 28 juillet, après les résultats négatifs du premier semestre 2023, la direction annonce que 400 millions d’actifs supplémentaires seront vendus pour renflouer un peu les caisses… « Une nouvelle performance Atos » qu’ils disaient, sérieusement ?
- Et le 2 août, annonce surprise de la vente de la moitié du groupe et abandon du plan de scission pour l’entrée prévue en bourse d’Eviden,, dans ce qui apparait comme une panique financière…
On assiste de fait à un effilochage des activités, dans un sauve-qui-peut improvisé et délétère avec toujours la recherche immédiate de cash sans aucune logique industrielle. C’est bien une vente par appartement du groupe dont il s’agit. Et la CGT craint que cela ne soit que le commencement…
Avec les risques de plus en plus forts sur l’emploi… Alertez les salariés Atos !
Atos airport : mayday, mayday, mayday !
Que le décollage des nouveaux groupes Atos & Eviden est difficile entre turbulences, vents contraires et manque de poussées moteurs !!! L’avion Atos qui se voulait gros porteur international se retrouve coupé en 2 par la scission – pardon la cession voire le saucissonnage – avec un centrage instable entre ambitions mondiales et moyens chiches. Pour la conduite du vol, vous en savez autant que vos représentants du personnel : il suffit de lire la presse ! Une cacophonie incompréhensible, des acheteurs-douteurs-délaisseurs-bradeurs à foison, dans une confusion permanente depuis près de 2 ans… Ce pourrait être un cas risible d’école de commerce si il n’y avait pas un tel danger pour les salariés !
Soyons factuels, que connaissons-nous de précis et de confirmé ? Entre autres, le document obligatoire d’enregistrement universel 2022 d’Atos nous éclaire et permet une synthèse argumentée. Pour le « en-cours 2023 », personne ne sait, et si quelqu’un vous dit sérieusement « je vous explique ce qui se passe chez Atos », c’est qu’il n’a rien compris ! Voici les informations connues et les analyses qui en dépendent :
- La situation financière critique met en danger l’ensemble du groupe qui a beaucoup emprunté, aggravant son endettement avec des résultats de -4 Mds € en 2021.
- La promesse de scission et l’opération boursière sur Eviden ont fait long feu, l’opération étant décalée de juin à décembre 2023 puis ajournée pour vendre Tech Foundations au fonds EPEI…
- Les résultats de CA et marge entre 2021 et 2022 s’améliorent (vraiment ?) tout en restant négatifs !
La perte en 2022 n’est « que » de -1 Mds € qui s’ajoute à l’existant. Atos fait +5% de CA en 2022 alors que nos concurrents font le double voire le triple ! Le taux de marge opérationnel, inférieur à 4% est toujours trop bas et impacte directement le projet de valorisation boursière d’Eviden. - Le redressement de NewAtos (Tech Foundations) est plus rapide que ne le prévoyait le plan jusqu’en
2026, cependant les résultats d’Eviden ne sont pas à la hauteur du prévisionnel. D’où les grandes
inconnues de croissance, résultats et dettes pour la future « pépite » sur laquelle repose toute la scission et qui doit rembourser la dette totale du groupe Atos. - Les prises de commandes diminuent en 2022 avec une variation par trimestre entre 80 et 110% versus les attendus.
- Pour le groupe, 2/3 des embauches se font dans l’off-shore et le taux de démissions continue de croitre à près de 22% en 2022.
- Les énormes coûts de restructuration se cumulent en 2023 et plombent toujours plus la trésorerie.
- Il y a toujours l’écart entre la prétention d’être leaders sur plusieurs marchés et le peu de moyens
associés : les budgets R&D sont à 2% du CA, 2 fois moins qu’en 2018… - Le jeu de bonneteau financier complexe et risqué continue : des cessions en cours et à venir pour donner des gages aux banques, des impératifs vitaux de remboursements, et des aléas de marchés !
- Et comme d’habitude, pour pallier les décisions ineptes, l’ordre impérieux pour les entités de générer du cash pour rembourser la dette du groupe, quitte à vendre des parties encore et encore…
Le reste des explications stratégiques et économiques avancées par la direction n’est que tromperie !
La CGT axe toujours ses combats sur la défense de l’emploi et les conditions de travail. Dans ce domaine, les effets probables de la scission-cession n’augurent rien de positif pour les salariés :
- Des non-sens d’organisation sur les activités, cloud et datacenters en particulier…
- Des surcharges de travail qui n’apportent rien et qui éloignent des priorités…
- D’énormes dépenses inutiles pour scinder réseaux, locaux, outils et employés !
- Et toujours, les 2 diktats de la direction : produire toujours plus avec moins, et pas ou peu de valorisation salariale…
Comme dit le Great Place To Work Atos : « une entreprise où il fait bon vivre… »
Eclairage sur la philosophie financière d’Atos
Atos a prôné depuis 2004 un plan massif d’activités off-shore avec des salaires à bas-coûts, 5 fois moins chers en Inde et 3 fois moins au Maroc par rapport à la France.
Atos tente de rajeunir depuis 2012 sa pyramide des âges par une politique salariale discriminante pour les seniors et l’embauche de la génération montante, évidemment à salaire plus bas : 22% de turn-over pour le groupe, 21% en France en 2022. Sans tenir compte de la qualité de production et des pertes de savoir-faire.
Atos réduit ses effectifs dans les pays à « hauts coûts salariaux » avec une perte de 30% des effectifs en France depuis 2014 : des réductions drastiques des équipes des fonctions supports, des déports d’activités en Pologne et en Bulgarie.
Atos est le chantre des réorganisations matricielles « rubik’s cube » depuis 20 ans. Avec l’emploi permanent de cabinets de conseil aux émoluments astronomiques, type Mc Kinsey, qui ont produit des fumeux fameux plans genre Top, Spring, et la scission et surement la cession…
Atos a été champion de la croissance externe avec une fièvre acheteuse de 22 sociétés entre 2019 et 2021, méthode – parait-il – garante du succès de premier mondial. On sait le résultat…
Atos depuis 2016 et de façon récurrente, a gelé ses investissements de R&D, ses moyens internes, ses déplacements, ses formations.
Atos depuis 2012 pratique un Great Place To Work dont les résultats sont toujours plus positifs d’année en année mais avec de moins en moins de participants (ceci explique peut-être cela…). Une société où il ferait bon travailler mais que fuient les salariés au point que 24% des effectifs sont des sous-traitants en France…
Atos avait promis une scission fabuleuse, le nouvel « eldorado » (de la méduse…). Pour le moment c’est le chaos et des difficultés sans nom pour les opérations.
Bilan de toutes ces splendides stratégies : les résultats financiers que l’on connait aujourd’hui !!
Atos s’est donc engagé en négociation exclusive avec le fonds EPEI pour la vente de la moitié du groupe prévue à fin 2023, afin de parer à un endettement insupportable…
Comment toutes ces actions ont-elles pu déboucher sur un tel désastre, la disparition d’un groupe mondial sur le secteur porteur des ESN ? Où sont donc passées les sommes astronomiques accumulées à forces d’économie répétées, martelées et généralisées ? A qui profite le crime ?
Ce n’est plus de la malchance, c’est de l’incompétence crasse voire de la dissimulation !
Les premières et souvent les seules victimes sont toujours les salariés !
Atos USA aurait déclaré : « La faillite nous voilà ! »
Sous l’ère Breton, pour Atos, l’Amérique est fantasmée comme l’Eldorado. Les effectifs du groupe dans les 10 dernières années se sont concentrés dans le nouveau monde avec 22% des salariés (et 25% du CA), contre 9 % en en France (21% du CA pour l’Europe du sud). Le summum fut l’achat de Syntel aux Etats-Unis, mais dont 90% de la population est située en Inde en off-shore. Depuis C. Colomb on confond souvent les Indes orientales avec les Indes occidentales…
Donc l’Amérique ! Avec son taux de croissance plus élevé que la vielle Europe, ses opportunités de deals, sa nouvelle frontière de business…et ses flexibilités versus l’horrible code du travail français ! Au bilan, Syntel qui a couté très cher (3,4 Mds $), sa marge qui se dégrade et son procès toujours en cours pour une possible condamnation « seulement » d’une centaine de millions de dollars…Ha ! Un autre procès qui a débuté en 2023 au Texas pour vol de brevets, les réserves des commissaires aux comptes en 2021 sur les filiales américaines qui ont fait lourdement chuter le titre en bourse et le vrai-faux achat de DXC qui a amplifié la chute. Et au final en résultats 2022, une dégradation de la marge du groupe due… à la RBU Amériques avec une croissance organique de -1,7% !
Le rêve se transforme en cauchemar, c’est assez fréquent avec la haute direction d’Atos…