Témoignage de l’ancien Directeur

Pierre LESTARD, militant de la CGT-Notariat, est impliqué dans la gestion et l’avenir de la CRPCEN depuis plus de 40 ans. C’est en effet en 1973 qu’il fut élu pour la 1ère fois au conseil d’administration de ce régime. Il en devint le Vice Président Clerc, avant de rejoindre au 1erjanvier 1983 la direction de la caisse, par décision du conseil d’administration.

Secrétaire général puis Directeur adjoint jusqu’au 31 janvier 1993, il fut nommé Directeur Général au 1er février 1993, poste qu’il occupa pendant 11 ans jusqu’à son départ en retraite au 1er janvier 2004.

En 2011, candidat dans le collège des retraités sur la liste de l’UNION POUR LA CRPCEN, il est élu et intègre à nouveau le conseil d’administration pour un mandat de 5 ans.

Pierre LESTARD a aussi exercé d’autres fonctions. Il fut notamment Président national de l’INAFON. Il exerça son militantisme, d’abord au sein de la Fédération des Clercs FO, dont il devint le plus jeune Président de 1973 à 1975.

En 2016, après 43 années au service de la CRPCEN, il décide de ne pas être candidat pour un nouveau mandat, estimant avoir “fait son temps”. Mais il reste au service de la CGT-Notariat.

Depuis 2006 il a intégré la Fédération CGT des sociétés d’études qu’il représente, au titre du secteur Notariat, au sein de la commission mixte paritaire et de la commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle.

Pourquoi, avec un passé aussi dense et un ancrage à la Fédération des Clercs FO paraissant durable, a-t-il choisi d’intégrer la CGT ?

C’est la question que nous lui avons posée. Et il nous a semblé intéressant, au moment où les salariés ont à choisir une organisation syndicale dans le cadre du scrutin sur la représentativité, de rendre publique la réponse qu’il nous a faite sous forme de témoignage.

Pierre, peux-tu expliquer pourquoi, après avoir exercé des responsabilités importantes au sein de la Fédération des Clercs FO :

            1 – tu as quitté cette organisation syndicale

            2 – tu as rejoins la CGT.

Réponse :

1 – D’abord, pour retracer mon parcours il faut dire que je suis un autodidacte ayant commencé à travailler avant 16 ans dans une étude notariale de Bretagne.

Le Principal Clerc de cette étude me fit adhérer au syndicat FO, et l’enchaînement des circonstances me fit devenir militant puis progresser dans les responsabilités au sein de cette organisation.

C’était à l’époque (1959), un processus très courant. Je ne regrette rien.

A l’époque, la Fédération FO était une organisation syndicale très dynamique, et s’y trouvaient encore des militants d’exception dont les plus anciens avaient vécu la création de la CRPCEN en 1937.

C’est ainsi que j’ai eu l’immense honneur de connaître Théophile BOSSEAU, principal fondateur de la CRPCEN, qui avait pris la relève d’Abel DELCLOY, initiateur de l’action, décédé en 1934.

Théophile BOSSEAU avait, en quelque sorte, pris sous son aile le jeune militant que j’étais pour accompagner son parcours syndical. C’est lui qui a fait entrer la CRPCEN « dans mes gènes » en me racontant son histoire et en me prodiguant pendant une quinzaine d’années ses conseils avisés pour la bien servir.

Lorsque je fus nommé à la direction de la CRPCEN, je dus prendre du recul avec la Fédération FO puisque cette nomination impliquait de mettre entre parenthèses mon engagement syndical pour garantir la neutralité que l’on doit avoir dans ce poste à l’égard de toutes les composantes du conseil d’administration. Cela me paraît normal et, à l’inverse, je trouve anormal que le Directeur de la MCEN puisse être en même temps Président de la Fédération des Clercs FO.

Lors de ma retraite, libéré de mon engagement, je proposai à la Fédération FO de l’aider sur le dossier CRPCEN en mettant à son service l’expertise acquise dans mes fonctions au sein de cet organisme. Etant précisé qu’il s’agissait pour moi seulement de jouer, dans la discrétion et sans revendiquer de poste, un rôle de conseiller technique.

Ce ne fut pas très bien accueilli par les dirigeants de cette Fédération qui me firent le procès de vouloir prendre leur pouvoir. Par contre, les dirigeants Bretons me sollicitèrent dans leur structure régionale.

Mais au fil du temps je pris la mesure de l’évolution négative de la Fédération FO au cours de mes 21 années à la direction de la CRPCEN.

Elle n’était plus la Fédération dynamique que j’avais connue. Quelques dirigeants en exerçaient le contrôle et semblaient s’accrocher à leurs postes au point de prendre ombrage des compétences se présentant. Nous étions loin des personnalités d’exception que j’y avais connues.

La rupture fut consommée à une assemblée générale à fin 2005 lorsque quelques militants voulurent soutenir mes idées. Ils entrainèrent une réaction violente d’un dirigeant, leader de fait, menaçant même de faire démissionner tout le bureau. Autrement dit : « Silence dans les rangs ! ».

Autant il est normal et souhaitable que les idées puissent s’exprimer et se confronter, autant il est inadmissible qu’il puisse être fait obstacle à leur expression même.

Relatant ces évènements et ma démission, au cours d’une interview publiée dans la revue de la Fédération FO de décembre 2009, Norbert SENTIER (alors vice président de la CRPCEN) conclut son propos par un « OUF ! » révélateur.

Mais sa Fédération a perdu les élections qui ont suivi au conseil d’administration de la CRPCEN.

2 – Pourquoi avoir rejoint la CGT ?

Après avoir tant servi la CRPCEN, je me sentais en capacité de la servir encore et j’y aspirais. Or ce n’était possible que par l’action collective au sein d’une organisation syndicale.

Et je savais que, historiquement, la CGT fut la première confédération syndicale à accueillir les clercs et employés de notaires.

Je savais aussi que les temps où la CGT avait des liens étroits avec une organisation politique étaient révolus. Le mur de Berlin n’est-il pas tombé en 1989 ?

Enfin, élément capital, je connaissais la détermination de la CGT à défendre les régimes spéciaux de retraite, et je savais qu’il n’y aurait aucune ambiguïté pour la défense de la CRPCEN.

Je décidai donc de choisir la CGT, via sa Fédération des sociétés d’études, secteur Notariat, que je représente depuis 2006 dans plusieurs instances paritaires de la profession.

Peut-être y-a-t-il dans le Notariat des personnes qui font encore le lien entre la CGT et un parti politique, mais cette attitude est passéiste et je peux attester qu’elles se trompent.

J’affirme, en effet, n’avoir fait l’objet d’aucune pression  ni même allusion à cet égard. Je rends compte de mon action syndicale mais suis totalement libre de mes opinions politiques, philosophiques ou religieuses.

La seule question qui vaille pour un salarié ou retraité du notariat est de savoir si la CGT-Notariat assure sa mission de défense de leurs intérêts et si ses propositions sont bonnes pour l’avenir de la CRPCEN.

La CGT-Notariat considère que les organisations syndicales doivent rechercher les consensus, chaque fois que c’est possible, pour développer l’action commune qui, seule, permet d’améliorer leur audience et leur poids dans les négociations.

Aussi a-t-elle été un élément moteur dans les discussions qui ont abouti à l’entente entre la CGT, la CFDT, la CGC et la CFTC, traduite par L’   UNION POUR LA CRPCEN. La Fédération FO, plusieurs fois sollicitée pour participer à une union, a toujours refusé, ne parvenant pas à dépasser les questions de personnes.

L’union est réduite à trois organisations syndicales depuis que la CGC a décidé de la quitter en 2016 pour des raisons électoralistes, créant ainsi une division qui ne va pas dans le sens des intérêts des salariés.

Au sein de cette union, mon expertise de la CRPCEN est mise au service de nos élus, et particulièrement de la Vice Présidente du conseil d’administration.

Cela fait de la CGT-Notariat le ciment de l’union absolument indispensable pour son efficacité.

Aussi est-il de la plus grande importance, notamment pour l’avenir de la CRPCEN, que les salariés du notariat, par leurs suffrages lors du scrutin sur la représentativité des syndicats, apportent leur soutien à la CGT, et par voie de conséquence à sa section notariale.

Cela sera un message fort adressé aux Pouvoirs Publics, alors qu’ils privilégient les syndicats plus enclin à être moins rigoureux et à les “accompagner”.

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