Nous vivons sous un régime d’exception. L’état d’urgence a confié à l’exécutif des pouvoirs exorbitants, lui assurant les moyens de réduire les droits et les garanties des citoyens, des salariés et de la jeunesse.
Insidieusement, la répression s’est installée. Dans les rues, dans les entreprises et dans les établissements scolaires, la moindre contestation peut être sanctionnée. Toute idée ou critique sortant du cadre fixé par « l’autorité » est devenue suspecte.
Cela commence à rappeler une période sombre, où une affiche titrait :
« Critiquer, récriminer, c’est agir sciemment contre la France (…). Notre Chef [le maréchal Pétain] a la volonté de rétablir une France nouvelle. Suivons-le. Taisons-nous. »
Nous n’accepterons pas de revenir à ces pratiques : plus jamais ça !
Jamais nous n’aurions envisagé, ni même imaginé voir, depuis quelques années et aujourd’hui encore, de jeunes lycéens matraqués et gazés pour avoir osé se rassembler et revendiquer pacifiquement des créations de postes dans leurs établissements. Nous en sommes révoltés. Nous ne l’acceptons pas.
Le 17 novembre et alors que des milliers manifestaient partout en France pour la défense des libertés malgré le confinement sanitaire et les restrictions de déplacement, l’Assemblée Nationale a voté la loi LPR, dont l’article 20 Bis AA prévoit que :
« Le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur (…) dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement, est passible de sanctions » pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amendes !
Le simple fait, pour des étudiants ou des enseignants, d’organiser des prises de parole, des assemblées générales, des rassemblements, des piquets de grèves ou des manifestations est désormais passible de peines de prison et de lourdes amendes. Mais dans quel pays sommes-nous ?
Avec ce dispositif répressif jamais vu depuis la seconde guerre mondiale, jamais la jeunesse n’aurait pu réaliser la mobilisation qui lui a permis, en 2006, de faire échec au projet de Contrat Première Embauche, qui permettait aux employeurs d’exploiter la jeunesse et de la licencier sans motif pendant deux ans.
Mais peut-être, et sans doute, est-ce là le but de Macron et de son gouvernement : nous faire basculer dans une société nouvelle, totalement déréglementée, où toute personne qui manifesterait un désaccord avec son employeur ou avec le gouvernement pourrait être réprimée et soumises à des peines d’amende, voire à des condamnations pénales.
Le projet de loi de sécurité globale, examinée en procédure accélérée à l’Assemblée Nationale, en est une nouvelle et abjecte expression. Au sein même des institutions, elle suscite le rejet et l’indignation. Au point que même la députée LREM de la Loire estime qu’avec ce projet de loi, la France va « tranquillement vers un état autoritaire, vers une suppression des libertés individuelles ».
Ainsi en est-il, par exemple, de la Commission Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) et de la Défenseure des droits. La première « s’alarme du contournement des processus démocratiques » :
« Plusieurs dispositions de ce texte sont particulièrement inquiétantes. (Il) vise à donner des gages aux forces de l’ordre, notamment l’interdiction de diffuser des images de policiers, mesure qui a suscité, à juste titre, l’émoi des syndicats de journalisme. (…) Ce texte ouvre par ailleurs de très larges possibilités d’utilisation des drones pour la surveillance de la population, faisant peser des risques immédiats sur le respect de la vie privée et sur la liberté de manifester. Plus qu’un outil de surveillance, un drone peut en effet aussi s’apparenter à un outil d’intimidation.
La CNCDH regrette profondément à nouveau que les pouvoirs publics s’engagent sur une voie toujours plus répressive et optent pour des moyens accrus de surveillance, sans concertation avec la société civile et sans aucun égard pour le respect des droits fondamentaux. » (Communiqué du 13 novembre 2020).
La seconde relève que ce projet « est susceptible de porter atteinte au droit de manifester » et qu’il « porte atteinte de manière disproportionnée à la liberté d’expression » (rapport du 17 novembre).
Même le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU alerte, dans un rapport de 7 pages :
« Nous craignons que l’adoption et l’application de cette proposition de loi puissent entraîner des atteintes importantes aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales, notamment le droit à la vie privée, le droit à la liberté d’expression et d’opinion, et le droit à la liberté d’association et de réunion pacifique, tels qu’établis dans la Déclaration universelle des droits de l’homme » (12 novembre, Genève).
Pour toutes ces raisons, la fédération CGT des sociétés d’étude se prononce pour qu’un mouvement large et uni se constitue autour des revendications de défense des libertés et de la démocratie. C’est dans ces circonstances et maintenant qu’il faut agir, partout où l’occasion nous en sera donnée.
Répondons aux appels à rassemblement et à manifester pour exiger :
- la sortie de l’État d’urgence
- le retrait du projet de loi de Sécurité Globale et de la LPR
- le respect du droit de manifester et de revendiquer
- le respect des libertés et de la démocratie