2ème journée d’étude Mondes du travail
IA, QUEL AVENIR POUR LE TRAVAIL ?
Organisée par le Master « Ressources Humaines, Organisation et Conduite du Changement » (RHO2C), l’Institut d’Études Sociales, la Faculté d’Économie de Grenoble et l’association Fil Rouge, cette deuxième journée d’études « Mondes du travail » propose une réflexion sur les enjeux du développement de l’intelligence artificielle (IA) sur le travail.
Malgré une adoption encore relativement faible au sein des organisations, les premiers outils dévoilés – à l’instar de ChatGPT- laissent entrevoir que l’IA peut à l’avenir profondément bouleverser la configuration des emplois et le nature du travail.
Catastrophistes ou enchantées, les résultats des premières enquêtes sur l’utilisation de l’IA sont pour l’instant très partagés. La plupart des études annoncent des disparitions massives d’emplois de toutes catégories (en général 30%des emplois occupés), et notamment des emplois à qualification élevée. D’autres, signalent, à partir des avis d’employeurs, de probables conséquences positives : davantage de satisfaction au travail, de santé et d’amélioration des situations des travailleurs handicapés. Dans tous les cas, les études s’accordent sur une très forte augmentation de la performance économique obtenue par une mobilisation d’outils de l’IA.
Si la destruction massive et rapide d’emplois est peu probable à moyen terme, ce sont plutôt les changements potentiels de la nature des emplois et de la qualité du travail qui risquent d’être très profonds et peut-être insaisissables aujourd’hui. Nombres d’interrogations émergent :
La possible libération des tâches automatiques ou répétitives qui peuvent être prises en charge par des outils de l’IA, va-t-elle libérer du temps pour des tâches à plus forte valeur ajoutée, pour une création d’emplois de qualité, pour une émancipation d’un grand nombre de salariés, notamment des salariés femmes ? L’impact du l’introduction des outils de l’IA sur le travail humain est-il annonciateur d’un « management algorithmique », c’est-à-dire d’une gestion des conduites humaines et des relations de travail à l’aide d’instructions d’un logiciel ? Ces outils de l’IA ne sont-ils pas intrinsèquement porteurs à la fois d’impossibilités « à discuter » autour du travail et de sa réalisation, mais aussi, comme le note la sociologue D. MEDA, de nouvelles logiques de surveillance au travail ?
Ces premiers questionnements appellent donc des analyses croisant les points de vue autour de situations de travail concernées par l’introduction de procédés relevant de l’IA. Ils appellent aussi l’élaboration collective d’outils pour que les salariés puissent non seulement s’approprier ces débats mais aussi résister aux changements les plus dévastateurs du travail humain dont l’IA peut être porteuse.
La Fédération CGT des Sociétés d’études s’associe à cette initiative et invite celles et ceux qui le peuvent à y participer.