Face à la crise qui touche notre pays, l’ensemble des organisations syndicales a lancé un appel à une grande journée nationale de mobilisation dans tous les secteurs (Cf. Déclaration ci-dessous).
Même si les patrons du secteur des centres d’appels externalisés pensent pouvoir tirer profit de la crise actuelle comme l’indique leur syndicat, le SP2C, dans son communiqué de presse du 9 décembre 2008 : « 2009 (allait) être une année de forte croissance » pour le secteur, il n’en est pas tout à fait pareil de ses salariés.
Que cela en terme d’emploi avec l’augmentation des activités délocalisées, l’accentuation des projets d’externalisation de certains donneurs d’ordre avec leur lot de départ ; le taux élevé du turn‐over dans la profession ; la création de centre d’appels dans les prisons ;
Ou dans le domaine salarial où une énorme pression est déjà effectuée sur les rémunérations avec des salariés ayant BAC+2 payés au SMIC. Le SP2C se flatte d’avoir des coûts salariaux 2 fois inférieur aux centres d’appels intégrés ; Un pouvoir d’achat qui ne cesse de se réduire à en peau de chagrin faisant que de plus en plus de salariés se surendettent afin de pouvoir subvenir à leurs besoins élémentaires ;
Ou même en matière d’amélioration des garanties collectives où la convention applicables est loin d’être satisfaisante notamment sur la prise en charge des jours de carence en matière de maladie qui limite l’accès aux soins de bons nombres de salariés ;
Crise ou pas, les salariés du secteur sont touchés par les mêmes maux que les autres, et ils veulent que cela change dans le bon sens, et notamment par :
- La défense de l’emploi public et privé ;
- La lutte contre la précarité et les déréglementations économiques et sociales ;
- L’exigence de politiques de rémunérations qui assurent le maintien du pouvoir d’achat des salariés, des chômeurs et des retraités et réduisent les inégalités ;
- La défense du cadre collectif et solidaire de la protection sociale ; Des services publics de qualité qui assurent en particulier tout leur rôle de réponse aux besoins sociaux et de solidarité.
Nous appelons l’ensemble de salariés du secteur à cesser le travail et à participer massivement aux manifestations qui seront organisés dans chaque région.
Déclaration commune lundi 5 janvier 2009
Propositions et revendications des organisations syndicales
CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA
La crise économique amplifiée par la crise financière internationale touche durement une grande partie des salariés dans leurs emplois et leurs revenus. Alors qu’ils n’en sont en rien responsables, les salariés, demandeurs d’emploi et retraités, sont les premières victimes de cette crise. Elle menace l’avenir des jeunes, met à mal la cohésion sociale et les solidarités ; elle accroît les inégalités et les risques de précarité. Les seules lois du marché ne peuvent régler tous les problèmes. Face à cette situation et considérant qu’il est de leur responsabilité d’agir en commun, en particulier lors de la journée du 29 janvier, pour obtenir des mesures favorables aux salariés, les organisations syndicales CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA ont décidé d’interpeller les entreprises, le patronat et l’Etat. Surmonter la crise implique des mesures urgentes en faveur de l’emploi, des rémunérations et des politiques publiques intégrées dans une politique de relance économique.
1 – Donner la priorité au maintien des emplois dans un contexte de crise économique
De nombreuses entreprises mettent la pression sur les sous-traitants et fournisseurs faisant supporter à leurs salariés blocages de rémunérations et pertes d’emplois. Par ailleurs, des salariés sont contraints à des durées du travail élevées, tandis que les salariés temporaires, en intérim ou en CDD, sont les premiers à faire les frais des baisses d’activité. Des entreprises utilisent la crise pour opérer des restructurations tout en maintenant la rémunération de leurs actionnaires. C’est intolérable et inadmissible.
Les entreprises confrontées aux baisses d’activité utilisent des mesures de sauvegarde d’emplois comme le chômage partiel, les jours de RTT ou de congés… Toutes ces mesures doivent être négociées dans l’objectif de préserver l’emploi et les salaires. Les aides publiques doivent aussi y être conditionnées. Les entreprises doivent améliorer l’indemnisation du chômage partiel et tous les salariés doivent pouvoir en bénéficier. Ces périodes de baisse d’activité doivent être utilisées pour développer la formation professionnelle et renforcer les compétences des salariés. Dans toutes les entreprises, quelle que soit leur situation, c’est notamment en investissant dans la formation et le travail qualifiant et en réduisant la précarité que la performance sera assurée.
Dans la fonction et les entreprises publiques, il est indispensable de répondre aux besoins de notre société et de la population et de leur attribuer les moyens nécessaires. Dès 2009, le gouvernement doit renoncer aux 30.000 suppressions de postes. Il faut abandonner une politique aveugle de suppression d’emplois et penser autrement l’évolution des services publics dont la qualité et l’emploi constituent une question centrale. La situation des salariés précaires du public appelle des mesures de justice sociale.
2 – Politiques salariales : améliorer le pouvoir d’achat, réduire les inégalités
Les exigences des actionnaires ont conduit, dans beaucoup d’entreprises, à l’accroissement des inégalités. Elles se sont aussi traduites par une redistribution des richesses privilégiant le versement de dividendes au détriment des salaires et de l’investissement. Dans les branches, les entreprises, les fonctions publiques, les négociations salariales doivent assurer au moins un maintien du pouvoir d’achat et une réduction des inégalités. Les allégements de cotisations sociales doivent être conditionnés à la conclusion d’accords salariaux.
3- Orienter la relance économique vers l’emploi et le pouvoir d’achat.
Il est de la responsabilité de l’Etat et de l’Union Européenne de décider de politiques d’interventions publiques coordonnée favorisant une relance économique. Celles-ci doivent viser à la fois :
- Une relance par la consommation en améliorant le pouvoir d’achat, en priorité des revenus les plus modestes parmi lesquels de nombreux salariés, demandeurs d’emploi, retraités et bénéficiaires de minima sociaux.
- Une politique de développement de logement social à la hauteur de l’urgence, un encadrement des loyers et un accès au crédit dans des conditions excluant les taux usuraires.
- Une protection sociale (santé, retraite…) dans un cadre collectif et solidaire
- Des investissements ciblés, en particulier en matière d’infrastructures, d’équipements publics et de services publics, en favorisant la recherche, le développement, l’éducation et la formation. Les investissements publics et privés doivent notamment être orientés en faveur d’une économie du développement durable mettant en œuvre les principes adoptés au Grenelle de l’Environnement.
- Toute aide accordée à une entreprise doit être ciblée et faire l’objet de contreparties. Elle doit être conditionnée à des exigences sociales, en particulier en matière d’emploi. Elle doit faire l’objet d’une information et d’un avis préalable des élus représentant les salariés. Dans le cas spécifique du secteur bancaire, l’utilisation des aides publiques doit donner lieu à un contrôle direct par l’Etat.
4 – Préserver et améliorer les garanties collectives
Les conditions de vie et de travail pour les salariés des secteurs privé et public, passent par l’amélioration du cadre collectif. C’est pourquoi il faut :
- abroger les dispositifs légaux qui ont conduit à remettre en cause la réduction du temps de travail,
- retirer la proposition de loi sur le travail du dimanche.
- respecter le dialogue social sur tous les projets et propositions de loi qui touchent à la réglementation du travail.
- face à la révision générale des politiques publiques (RGPP), mettre en oeuvre des réformes porteuses de progrès social
5 – Réglementer la sphère financière internationale
Cette réglementation doit mettre un terme à la spéculation, aux paradis fiscaux, à l’opacité du système financier international et encadrer les mouvements de capitaux. L’Union européenne doit être au premier plan pour l’exiger.
Il faut aussi imposer le respect des droits fondamentaux et sociaux et des normes internationales de l’OIT dans tous les échanges internationaux. L’aide publique au développement doit être maintenue et améliorée. C’est ce que demande le mouvement syndical international