Au cœur de la “révolution informationnelle”
Le secteur des services informatiques – et en tout premier lieu les SSII – est au cœur de la révolution informationnelle (cf. Manuel Castells, La société en réseau), à la fois acteur et cible des mutations du système économique.
C’est pourquoi le secteur devrait bénéficier durablement d’une croissance structurelle à deux chiffres, au delà des phénomènes conjoncturels “An 2000” et “Euro”, grâce au relais des nouvelles technologies (internet, commerce électronique…).
Croissance et déséquilibres
Preuve de cet essor, le marché est marqué au niveau national et international par une pénurie d’hommes. Dans le même temps, l’amélioration des niveaux de marge d’exploitation renforce les marges de manœuvre financière des entreprises. Cela permet différents types de stratégies, qui débouchent souvent sur une course à la taille critique. Tous ne gagneront pas à ce jeu là.
La performance sociale comme vecteur clé de la compétitivité.
Dans ce contexte de croissance durable et de pénurie des compétences, la performance sociale constitue un vecteur clé de la compétitivité économique et financière des sociétés de services informatiques. Partagée par d’autres experts, cette analyse est pourtant contredite par la réalité sociale du secteur.
Une réalité sociale contradictoire.
La croissance s’accompagne en effet de multiples déséquilibres qui fragilisent non seulement la population des administratifs non facturés (détérioration des conditions de travail, réduction des effectifs avec l’implantation des progiciels de gestion…) mais également les productifs facturés au client (augmentation salariale de plus en plus individualisée et ne touchant qu’une minorité, faible prise en compte des heures supplémentaires, risque de laissés pour compte de l’après an 2000…).
Les remontées du terrain font aussi apparaître des situations inquiétantes en matière de sous-traitance, d’intérim ou de prêts de main d’oeuvre illicites.
Pourquoi la performance sociale
Dans ce contexte, la performance sociale permet de répondre aux enjeux de qualité, de productivité, d’innovation et de fidélisation de la “capacité de production” ( le coût du turn over est élevé). Ces enjeux sont, sans commune mesure, plus importants que la maîtrise des coûts.
Les indicateurs de la performance sociale
La performance sociale passe notamment par :
- la gestion des compétences (formation, gestion prévisionnelle des carrières…),
- La politique salariale (objectivité des critères d’évaluation, participation aux fruits de la croissance via l’intéressement, PEE…),
- Les éléments hors rémunération (environnement et conditions de travail, outils technologiques…),
- La qualité du dialogue entre partenaires sociaux.
Il faut forger de nouveaux outils qui – à coté des critères de performance économique – permettent de décrire et analyser cette performance sociale.
Nous avons par exemple formalisé un outil de suivi individuel et collectif des chemins d’évolution des compétences en adéquation avec les ruptures technologiques et les nouveaux métiers.
Une “création de valeur sociale” pour répondre à la “création de valeur” pour l’actionnaire.
Texte de Mireille Battut