Quand les vacances très cossues du patronat sont bousculées par le mercato
sur la branche, la sanction est immédiate : salariés, vous allez marner
Lors de la CPPNI du 2 juillet 2021, l’ordre du jour était relativement pauvre : il faut dire que le patronat des experts-comptables, fidèle à lui-même, ne négocie que ce qui lui permet d’aller demander de l’argent à l’Etat, surtout sur la formation professionnelle, ou éventuellement ce qui lui évite de se mettre trop en difficulté et de perdre des salariés alors même que le secteur est en tension – d’où les accords NAO au rabais, contribuant à la détérioration du pouvoir d’achat dans la branche.
Mais pour le reste rien, et surtout pas pour la santé des salariés au travail. Comme lors de la CPPNI du mois de juin, le patronat discute quand il rencontre des confrères et sont bien d’accord pour dire à quel point ils sont satisfaits d’eux-mêmes. Aucune statistique officielle, aucun panorama ou visibilité sur l’état de santé des salariés de la branche. Ils en sont convaincus : tout va bien, laissez-les faire !
Problème de charge de travail ? Non, non, que du ressenti et puis surtout à Paris ou dans les grosses boites donc pas de problème (les salariés concernés dans la branche apprécieront).
Problème d’intensification du travail ? Non, non c’est à la marge.
Faut croire que la partie patronale n’a entendu parler que de la hausse de ses bénéfices et pas du tsunami de travail qu’a charrié la crise sanitaire. Elle ne doit concerner que les salariés, ce n’est pas leur problème !
In fine, depuis presque 3 ans, nous essayons de mettre en place un travail de fond dans la branche. Les organisations patronales ont multiplié les réunions de travail : des travaux sur le temps de travail, les conditions de travail, la classification, le handicap ou l’égalité professionnelle ont été planifiés et ce sont autant de sujets qui s’imposent à nous. Mais pour le moment, le bilan est simple : on discute, on se réunit, on fait semblant d’être dynamique mais dès que l’on cherche à conclure, blocage !
L’encéphalogramme plat recommence à vibrer dès que l’on aborde des questions de formation : l’Etat met à disposition des budgets. Le patronat des experts a plein de défaut mais il sait compter et il ne sera pas dit que sa légendaire voracité n’est pas avérée. Et si le « précieux » ne vient pas assez vite, il devient agressif : après avoir vainement tenté de nous faire chanter sur ce sujet en juin.
Autant dire que nous œuvrons pour élargir l’accès des salariés à la formation et pas pour que les entreprises puissent se défausser de leur responsabilité sur l’Etat. Dit autrement : il n’est pas question de voir les dispositifs détournés de leurs usages pour financer ce qui devrait l’être par l’entreprise.
Enfin, pour la forme, nous sommes revenus sur ces méthodes de mercenaire dans l’ire générale du patronat : il faut dire que tant qu’ils se comportent comme des parasites, ils ne voient pas le problème ; mais dès qu’on commence à le faire savoir, bizarrement ils trouvent cela moins glorieux et ont plus de mal à assumer. Enfin on vous rassure : s’ils ne fanfaronnent pas, ils ne lâchent pas une pelure de cacahuète non plus.
Même face à l’arrivée de la loi Pacte, le patronat a plus défendu son CA que le devenir de la profession sous statut réglementé. Bref, même si l’on ne déserte jamais la table et que nous avons beaucoup de points à faire valoir, ça va commencer à être de plus en plus difficile de régler les problèmes d’attractivité du secteur : des temps de travail qui explosent, des salaires au rabais notamment pour recruter les jeunes diplômés qui ont tout intérêt à ne surtout pas rester dans la branche.