Jeudi 9 juillet 2020, la direction d’Amadeus IT Group a annoncé aux salariés un plan de suppression d’emploi à hauteur de 10% des effectifs.
Le premier groupe mondial, leader des solutions et des services aux compagnies aériennes, aux aéroports et aux hôtels, aux moteurs de recherche et aux agences de voyages, aux tour-opérateurs et aux autres acteurs du voyage entend ainsi se séparer d’environ 1 800 travailleurs dans le monde dont plusieurs centaines à Sophia-Antipolis.
Cette annonce intervient alors que la direction a déjà supprimé 800 postes de sous-traitants ces deux derniers mois sur les sites de Sophia-Antipolis et de Villeneuve-Loubet dans les Alpes-Maritimes, sans considération pour les équipes concernées et sans chercher de solution alternative.
Amadeus sera fortement impactée par la crise économique comme l’ensemble du secteur aérien et l’industrie du voyage en 2020. Mais la direction n’évoque pas de difficulté économique pour justifier les suppressions d’emplois.
Et pour cause :
- Amadeus est une des entreprises les plus profitables au monde. En 2018, sa marge d’EBITDA (40%) était supérieure à celle de Google, Apple, Amazon ou LVMH. En 2019, sa marge était encore de 40%.
- L’agence de notation américaine Standard & Poor’s estime, sur la base des projections de l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA), que l’EBITDA d’Amadeus restera positif en 2020 et reprendra des couleurs les années suivantes.
- Ces 3 derniers mois, la direction a augmenté le capital de la société, émis des obligations et souscrit des prêts sans aucune difficulté, lui assurant plus de 4 milliards d’euros de liquidités. Le 1er juillet, la Banque Européenne d’Investissement lui accordait encore 200,M€ de prêt pour développer la R&D, dont le navire amiral est à Sophia-Antipolis.
Pour justifier les suppressions d’emploi, la direction annonce la nécessité de réaliser 250 M€ d’économies supplémentaires sur sa structure de coût à l’échelle mondiale. Or :
- 250 M€ = 12 ans de Crédit Impôt Recherche pour la seule filiale située à Sophia-Antipolis ;
- 250 M€ = 4 ans d’économies d’impôt sur les sociétés réalisées par Amadeus à Sophia-Antipolis grâce au dispositif Macron d’IP Box / Patent Box voté dans la loi de Finance 2019.
Et cela, seulement pour la France.
La CGT rappelle que selon l’Amadeus Global Report, pour la seule année 2018, Amadeus a réduit sa contribution publique de 21% et augmenté la rétribution de ses actionnaires privés de 134%.
L’argent coule à flot pour les actionnaires (4 milliards en 10 ans) et ce sont les salariés qui paient la facture !
Il n’y a aucun danger pour la survie de l’entreprise. Mais une volonté de réduire les effectifs, de supprimer des milliers de postes d’ingénieurs et de salariés hautement qualifiés, ayant des compétences, des savoir faire et une expertise mondialement reconnue :
- pour donner des gages aux marchés avant l’annonce de résultats historiquement bas au deuxième trimestre ;
- pour renouer plus rapidement avec la marge d’EBITDA et accélérer le retour des dividendes, comme l’indiquait déjà le groupe dans sa communication du 2 avril et comme le font d’autres entreprises du secteur aéronautique.
La CGT mettra tout en œuvre pour défendre les salariés, leur emploi, leur salaire et leurs conditions de travail.
Non aux suppressions de postes !
Maintien de tous les emplois !